MicroMED : accélérer l’inclusion financière en Tunisie
MicroMED est un projet d’assistance technique pour le renforcement des capacités institutionnelles dans le secteur de la microfinance en Tunisie qui a eu lieu entre 2012 et 2018. Il a notamment permis la création d’un Observatoire de l’Inclusion financière (OIF) ; le renforcement des capacités des IMF à travers la création du premier centre de formation en microfinance ; et l’amélioration de l’infrastructure de marché.
Le contexte tunisien au début du projet
Au lendemain de la révolution tunisienne en 2011, il y avait urgence à redynamiser le développement socio-économique du pays. Améliorer l’accès et l’utilisation des services financiers des populations s’est donc imposé comme une priorité. Le projet MicroMED, qui a pris fin en 2018, a été développé dans cet objectif.
Le programme MicroMED a été lancé en 2012 avec un budget de 4 millions d’euros, co-financé respectivement à 50 % par le Fonds fiduciaire de la FEMIP et le Ministère des Affaires étrangères et européennes luxembourgeois, et placé sous la gestion de la Banque européenne d’investissement, laquelle a délégué à ADA l’opérationnalisation sur le terrain. Il s’agit d’un projet d’assistance technique aux autorités publiques et aux acteurs de la microfinance destiné à favoriser la croissance de l’emploi et de l’inclusion financière en Tunisie grâce à l’amélioration de l’accessibilité des services financiers pour la population et de la capacité des IMF à répondre aux besoins du marché. MicroMED a été construit autour de trois objectifs.
1. Création d’un Observatoire de l’inclusion financière
ADA a soutenu la Banque Centrale de Tunisie (BCT) dans la création d’un Observatoire de l’inclusion financière (OIF). Les collaborateurs de l’Observatoire ont été formés aux méthodes de collecte de données, aux méthodologies de sondages quantitatifs ainsi qu’aux outils de traitement et de diffusion des données.
Afin d’alimenter l’Observatoire en données sur la demande, l’OIF a reçu un appui technique pour conduire une enquête nationale sur l’état de l’inclusion financière et l’utilisation des services financiers, les résultats devant servir de recommandations aux autorités pour définir des politiques d’inclusion financière ciblées (femmes rurales, jeunes entrepreneurs…). Les résultats de l’étude ont révélé que l’inclusion financière dans le pays atteignait un taux de 61 %. De cette population, 9 % seulement utilisaient leur compte bancaire ou postal. Les résultats de l’étude ont été officiellement présentés au public en décembre 2018.
Bernard Georges, chef du projet MicroMED chez ADA
« Nous avons atteint notre objectif, c’est une véritable success story ! Désormais, l’infrastructure est solide, le personnel est qualifié, il est en mesure de conduire des études et faire des recommandations. L’Observatoire dispose des compétences pour lancer une prochaine enquête de manière autonome. »
Faker Halleb, Directeur de l’Observatoire de l’inclusion financière
« L’enquête nationale sur l’inclusion financière couplée à une étude qualitative pour la compréhension des résultats nous a permis de proposer des recommandations concrètes et chiffrées qui seront mises en place à court et moyen terme. Le suivi de ces recommandations sera effectué par l’Observatoire grâce à sa refonte organisationnelle et fonctionnelle. »
Restitution des résultats de l’enquête nationale sur l’inclusion financière à Tunis, le 18 décembre 2018.
De gauche à droite : Bruno Obegi (au pupitre), Conseiller à la Direction de ADA ; Ridha Chalghoum, Ministre des Finances ; Marouan El Abassi, Gouverneur de la BCT ; Ulrich Brunnhuber, Chef du Bureau de représentation de la Banque européenne d’investissement à Tunis.
Dans le cadre de la poursuite de l’appui au secteur tunisien pour la période 2019-2021, ADA accompagnera l’Observatoire qui a été mandaté par le Gouvernement pour implémenter un programme national en éducation financière.
2. Renforcement des capacités
Suite à la mise en place d’un nouveau cadre réglementaire pour la microfinance en 2011 au lendemain de la révolution, de nombreuses institutions de microfinance (IMF) se sont établies à partir de 2014. Afin de soutenir cette croissance et de professionnaliser le secteur, MicroMED a appuyé la création du premier centre de formation en microfinance au sein de l’Académie des Banques et Finances à Tunis, entité en charge de la formation bancaire classique. Un cursus de 10 modules fondamentaux sur les métiers de la microfinance a ainsi été conçu, autour de deux certifications : l’une en agent de crédit et l’autre en management pour les futurs dirigeants d’IMF, avec 25 formateurs locaux formés. Ainsi, ce sont 496 personnes issues principalement des IMF et des autorités publiques impliquées dans l’inclusion financière qui ont été formées à ce jour.
3. Amélioration de l’infrastructure du marché
Dans le but de répondre à la demande croissante en microcrédits et de favoriser activement l’inclusion financière, une étude a été menée pour estimer les besoins futurs en refinancement des IMF. Une étude complémentaire sur la faisabilité d’un fonds de refinancement a été menée à la demande du Ministère des Finances qui dispose aujourd’hui d’une analyse complète sur le sujet.
Un projet pour donner suite à MicroMED sera formulé en 2019 et permettra de poursuivre cette réflexion et de contribuer à la création d’une structure financière adéquate.
Perspectives du projet d'appui au secteur de la finance inclusive en Tunisie - MicroMED
La bonne cohérence entre les objectifs du projet, les besoins exprimés et les priorités identifiées par la partie tunisienne grâce à la nouvelle Stratégie Nationale d'Inclusion Financière 2018-2022 permet d'envisager une 2ème phase du projet :
- L'OIF participe activement à l'inclusion financière par la mise en œuvre du programme d'éducation financière ;
- Les IMF seront dotées de normes de performance sociale ;
- l'AMC joue pleinement son rôle de régulateur et souhaite renforcer la maîtrise des risques liés à la digitalisation ;
- La formation continue au sein de l'Académie des Banques et Finances (ABF) continue d'être soutenue pour suivre les besoins de formation des IMF ;
- Le diplôme de microfinance avec l'ISET, lancé en septembre 2019, verra ses premiers diplômés en juin 2020 ;
- Le secteur de la microfinance est soutenu avec la création d'un fonds de refinancement pour les IMF.