Comment améliorer l’accès au financement et aux marchés des petits exploitants agricoles en Afrique ?

26 mai 2025 Actualités
Un homme et une femme debout devant des sacs de grains

En Afrique, les petits exploitants agricoles jouent un rôle fondamental dans la sécurité alimentaire et l’économie locale. Pourtant, ils restent largement exclus du système financier. Alors qu’ils représentent environ 60 % de la population active sur le continent, seulement 3 % des crédits leur sont destinés. Ce déséquilibre freine leur développement, limite leurs capacités d’investissement et, par conséquent, affecte la productivité agricole.

Pourquoi les IMF hésitent à financer l’agriculture

Plusieurs obstacles freinent les institutions de microfinance (IMF) : risques élevés, coûts opérationnels importants et contraintes administratives. À cela s’ajoutent des défis comme la volatilité des prix agricoles, les incertitudes climatiques ou encore des politiques publiques parfois instables. Cela crée un cercle vicieux d’exclusion pour les producteurs les plus vulnérables.

Une approche hybride : le cœur du programme Fermier 2.0

Pour répondre à cette problématique, ADA a lancé le programme Fermier 2.0 (F2.0) au Sénégal. Cette initiative propose une approche innovante alliant outils digitaux et accompagnement sur le terrain. 

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Des mains tenant un téléphone avec une application
La plateforme digitale simplifie les processus de financement.

La plateforme numérique permet d’améliorer l’efficacité des processus de financement, tandis que l’équipe sur le terrain veille à ce que les services financiers deviennent accessibles aux populations rurales, souvent éloignées des centres urbains et des infrastructures classiques.

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Un groupe de 7 personnes debout
Une équipe dédiée assure le lien avec les producteurs en zones rurales.

Rôle de ADA

ADA joue un rôle de facilitateur en connectant les différents acteurs de la chaîne de valeur agricole : des IMF, des fournisseurs d’intrants, des producteurs, des coopératives et des assureurs. Cette approche facilite non seulement l’accès au crédit, mais également aux intrants, aux marchés et à des assurances contre les risques climatiques. 

En adaptant les produits financiers au cycle de production, le programme permet aux IMF partenaires de proposer des solutions qui répondent aux besoins réels des producteurs et des coopératives. Le Crédit Mutuel du Sénégal, partenaire du programme, explique sa valeur ajoutée : « F2.0 a permis d’aligner les besoins de financement avec les étapes de production et de commercialisation agricole, ce qui n’était pas le cas auparavant. »

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Un groupe de 13 personnes debout
ADA collabore avec 7 IMF partenaires : UIMCEC, MFN, Caurie, Pamecas, Baobab, CMS et Cofina.

Une mise en œuvre porteuse de résultats

Le programme est actuellement déployé dans la région centre du Sénégal, notamment sur des cultures telles que le mil, l’arachide, le niébé et le maïs. Il compte sept IMF partenaires. Depuis 2020, près de 14 000 producteurs ont pu bénéficier de crédits adaptés, représentant environ 8 millions d’euros. Ces financements ont permis d’acheter des intrants en amont des campagnes agricoles, mais aussi de stocker la récolte dans de bonnes conditions pour mieux la valoriser sur le marché.

Un mécanisme gagnant-gagnant pour tous les acteurs

Ce programme bénéficie à l’ensemble des parties prenantes. Les producteurs peuvent investir à temps dans leurs cultures, les coopératives agricoles accèdent au crédit pour stocker et vendre la production au meilleur moment, et les IMF disposent de moyens plus efficaces pour évaluer et suivre l’usage des crédits, limiter les risques d’impayés et maîtriser les couts du financement agricole.

Des témoignages qui confirment l’impact positif

L’impact du programme est déjà tangible. Salla Ba, présidente de la coopérative de Gainte Kaye dans la région de Kaolack, témoigne : « Dès la première année, nous avons pu générer des bénéfices grâce au programme F2.0. Par exemple, après avoir acheté la production des membres, nous l’avons revendue deux mois plus tard avec une plus-value. Une partie des bénéfices a été utilisée pour renforcer le fonctionnement des groupes, membres de notre coopérative. »

De son côté, Famara Sarr, directeur de l’agence U-IMCEC à Kaolack, explique que le programme leur a permis d’élargir leur zone d’intervention, de capter de nouveaux clients, de renforcer leur portefeuille agricole et d’améliorer la rentabilité de l’agence.

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Un homme assis à son bureau devant un PC portable

Une réponse holistique face aux défis climatiques 

Le programme F2.0 ne se limite pas à l’accès au financement, mais cherche à mettre à disposition d’autres services afin de répondre aux besoins des petits producteurs. Par exemple, il anticipe les risques liés aux changements climatiques. Un produit d’assurance indicielle basé sur la quantité de pluie reçue a été développé pour aider les producteurs à faire face aux événements météorologiques extrêmes, en déclenchant des indemnisations lorsque les seuils de précipitation sont anormalement bas ou élevés. En parallèle, elle permet d’atténuer le risque de non-remboursement des crédits pour les IMF.

Perspectives : une vision pérenne pour renforcer l’écosystème

Afin d’assurer la pérennité du programme et de renforcer son impact sur l’écosystème financier et agricole au Sénégal, ADA et les IMF partenaires ont entamé la création d’une entreprise F2.0, de droit sénégalais.